Permaculture - 02.3 - La planification des zones et des secteurs

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2.3 LA PLANIFICATION DES ZONES ET DES SECTEURS

(voir aussi Permaculture 1, p. 49-57)

La clé d'une planification efficace en matière d'énergie (donc efficace sur un plan économique) consiste à diviser le terrain en zones et à y disposer les plantes, les parcours des animaux et les structures en rayons ou en secteurs. Les seules choses qui puissent apporter des modifications sont les facteurs locaux de marchés, de voies d'accès et de transport, de pente, d'observations climatiques locales, de zones d'intérêt particulier, telles les plaines inondables ou les coteaux rocheux et les conditions spéciales du sol, telles les latérites ou les

sols marécageux. Comme nous allons traiter plus loin de tous ces effets locaux, je vais me concentrer ici sur la façon de planifier et de diviser en zones un site « idéal », disons une pente douce exposée au midi, avec peu de variables. Les paysages « réels » seront considérés

dans les sections suivantes.

Tableau 2.1 : Certains facteurs changent avec la distance dans la planification des zones


 

Facteur ou stratégie

 

Zone I

Zone II

Zone III

Zone IV

Planification pour :

Climat de la maison autosuffisance domestique

Petit bétail domestique et verger

Culture principale, fourrage, nourriture stockée

Cueillette, fourrage, forêt, pâturage

Établissement des plantes

mulch en couches complet

mulch par endroits et protection des arbres

Conditionnement du sol et mulch vert

Conditionnement du sol seulement

Taille des arbres

Intensive, en gobelet ou en espalier, treilles

Pyramides et treilles

Pas de taille, treilles naturelles

Jeunes arbres, éclaircis pour ne garder que les espèces choisies

Sélection des arbres et des plantes

Nains, greffes multiples

Variétés greffées

Jeunes arbres sélectionnés pour greffes ultérieures

Éclaircis ou contrôlé par le bétail

Approvisionnement, en eau

Réservoirs à eau de pluie, puits, forage, réticulation

Réservoir de terre et contrôle du feu

Stockage de l'eau dans le sol, barrages

Barrages, rivières, forages et éoliennes

Structures

Maison/serre, intégration du stockage

Serre et granges, poulailler

Stockage des aliments pour animaux, abris de champs

Abris de champs en haies et bosquets

 

 

Fig 2.12

FIG 2.1/ PENTE EN SPIRALE POUR PLANTES AROMATIQUES ; A LA PORTE DE LA CUISINE (3M DE DIAMETRE) (PLAN)

 

 

 

1. Comment placer les éléments dans les zones

Il n'y a pas le moindre doute qu'il faut commencer dès le pas de la porte. Si vous ne contrôlez pas le pas de votre porte, il y a peu de chance que l'enclos de derrière le soit.

Le découpage en zones (distance du centre) est décidé par deux facteurs :

  1. le nombre de fois que vous avez besoin de rendre visite à la plante, à l'animal ou à la structure;

  2. le nombre de fois que la plante, l'animal ou la structure a besoin que vous lui rendiez visite.

Par exemple, dans l'espace d'une année, nous pourrions rendre visite au poulailler :

  • 365 fois pour les oeufs ;

  • 20 fois pour le fumier ;

  • 50 fois pour donner de l'eau ;

  • 5 fois pour choisir des poulets ;

  • 20 fois pour d'autres raisons.

Ce qui fait au total 460 visites — alors que l'on ne rendrait visite à un chêne que deux ou trois fois, pour ramasser des glands. Les zones sont donc des « zones de fréquence de visite » ou des zones de « temps », comme vous voulez. Plus les choses doivent être visitées souvent, plus elles doivent être proches.

Un autre exemple : vous avez besoin d'un citron frais de 60 à 100 fois par an, mais l'arbre n'a besoin de vous que 6-12 fois par an, soit en tout de 66 à 112 visites. Pour un pommier, où le ramassage est moins fréquent, le total pourrait être d'une quinzaine de visites.

En commençant à nouveau depuis la cour derrière, nous pouvons avoir la disposition suivante :

 


Fig2.2

23

1 MAISON : CHAMBRES A COUCHER RU NORD LIVING ROOM RU SUD

2 « MAISON D'OMBRE » : SOURCE D'AIR FRAIS

3 SERRE : SOURCE D'AIR CHAUD ET POMPE A CHALEUR

4 JARDIN DE PLANTES AROMATIQUES

5 JARDIN DE PLANTES ANNUELLES

6 JARDIN LABOURÉ PAA LES POULES

7 SERRE CHAUFFÉE PAR LES POULES

8 ET 9 « PAILLERS » POUR UTILISATIONS ALTERNATIVES. FORÊT SERVANT DE RÉSERVE DE NOURRITURE POUR LA VOLAILLE

10 GRANDS ARBRES FRUITIERS (CEUX R FEUILLES PERSISTANTES AU SUD)

11 COMME POUR 10 : PETITS ARBRES FRUITIERS ET GRANDES PLANTES HERBACÉES VIVACES; PLANTES ANNUELLES EN BORDURE.

12, 13 PETITS ARBRES A FRUITS OU R NOIX ; ARBRES TAILLÉS, PLUS GRANDS SUR LES BORDS.

14 PLANTES GRIMPANTES R FEUILLES PERSISTANTES, ATTACHÉES A DES TREILLIS AU NORD POUR L'ISOLATION HIVERNALE.

15 PLANTES GRIMPANTES A FEUILLES CADUQUES RU SUD POUR CONTRÔLER LA CHALEUR ESTIVALE ET FRIRE DE L'OMBRE A LA SERRE.

16 PASSAGE COUVERT OU TONNELLE, AVEC LIANES PRODUCTIVES, HARICOTS A RAME

 

.FIG. 2.2 : CONCEPTION D'UN TERRAIN DE 1000 M2 OU, À PLUS GRANDE ÉCHELLE, D'UNE PETITE FERME (VOIR FIG. 2.3).

 

 

La règle d'or est de commencer à développer la zone la plus proche, de bien la contrôler, puis d'en étendre le périmètre. Il est fréquent que le novice sélectionne un jardin loin de la maison et ne puisse récolter les plantes efficacement, de même qu'il ne peut en prendre soin comme il faut. Tout sol produit un bon jardin, alors restez près de la maison.

La stabilisation et l'utilisation du paysage est une question morale dont les implications sont globales. La vie de nomades dénués de tout se déplaçant à la suite d'immenses troupeaux de chèvres est l'une des pires stratégies dans la gestion de l'environnement que l'on puisse imaginer — comme l'est une rangée de moisonneuses-batteuses, un chasseur de lapins avec une meute de corniauds, et les camions géants qui servent à débarder le bois.

 

23c

FIG 2.3 : REPARTITION DES ZONES DEPUIS LA PORTE DE LA CUISINE 5DETAIL DE LA FIG 2.2.5

 

 

 

23d

FIG 2.4 : PLAN SCHEMATIQUE DE LA DISTRIBUTION DU BETAIL AUTOUR DE LA MAISON

 

 

 

23e

FIG. 2.5 : PLAN D’ENSEMBLE POUR UNE PETITE FERME COMBINANT CULTURE ET ELEVAGE

 

 

Chacune de ces situations représente une variation sur le thème de l'extinction biologique.

Nous croyons profondément que si l'on ne peut pas maintenir ou améliorer un système, il vaut mieux le laisser tranquille, ce qui minimise les dégâts et préserve sa complexité.

Si nous ne régulons pas notre propre nombre, nos appétits, et la zone que nous occupons, la nature le fera pour nous par la famine, l'érosion, la pauvreté et la maladie. Ce que nous appelons un système politique ou économique se maintient ou tombe suivant notre capacité à conserver l'environnement naturel. Une régulation plus serrée du terrain disponible, combinée à un usage très prudent des systèmes naturels est la seule stratégie qui puisse fonctionner dans le futur. Nous devrions peut-être nous contenter de contrôler les zones que nous pouvons coloniser, maintenir et exploiter par des techniques douces.

Ceci implique que les établissements humains devraient toujours inclure la possibilité de produire toute leur nourriture, sans quoi nous courons le double risque de villes stériles et de campagnes mal entretenues, une combinaison fatale où la ville, la forêt et la ferme sont toutes négligées et ne possèdent même pas les ressources de base pour être autosuffisantes.

Le temps, comme l'espace, est une ressource, tout agriculteur le sait. De même que nous pouvons dépasser nos limites dans l'espace, il nous est possible de le faire dans le temps. C'est précisément la base de la planification des zones en permaculture. Il est fondamental en matière de conservation du temps de s'occuper du terrain le plus près possible de chez soi, de ne pas aller travailler trop loin et d'être ainsi centré sur le lieu où l'on vit. Il faut faire très attention à la nature des activités et à la distance, ou nous pourrions manquer de temps pour garder le contrôle, et par là diminuer rendement et stabilité.

2. Comment placer les éléments dans les secteurs

La planification des secteurs est également traitée dans Permaculture 1. Les facteurs à considérer pour esquisser un plan de base sont:

  • danger d'incendie ;

  • vents froids;

  • vents chauds, salés ou porteurs de poussière;

  • désir de boucher des vues désagréables;

  • angles du soleil en été et en hiver ;

  • réflexion des étendues d'eau.

Une fois que les zones et les secteurs sont esquissés, l'analyse des pentes peut commencer. Les entrées supérieure et inférieure ou les routes d'accès, la première pour les matériaux lourds, la seconde pour la lutte contre les incendies, sont alors déterminées. Dans tous les lieux où le climat varie en fonction des saisons, il faudra prévoir une serre attenante, un collecteur d'air chaud, une mare servant de réflecteur et une mare solaire. Des détails sur ces éléments sont données dans les sections suivantes.

Pour nous résumer, aucun arbre, aucune plante, aucune structure, aucune activité ne doivent être placées sans tenir compte des critères et du plan de base. Par exemple, si nous avons un pin, il ira dans la zone IV (visites peu fréquentes), hors du secteur de danger d'incendie (il accumule du combustible et brûle comme une torche), en direction du secteur des vents froids (les pins forment des brise-vent résistants), et il peut produire des pignons comestibles.

De même, si nous voulons placer une petite structure comme un poulailler, il devrait être en bordure de la zone I (visites fréquentes), être loin du secteur d'incendie possible, en bordure du jardin de plantes annuelles (pour récupérer facilement le fumier) à côté de leur système de production de nourriture, si possible accolé à une serre et formant partie d'un système brise-vent.

Il n'y a ni mystère ni grand problème dans de tels systèmes de conception, qui font appel au bon sens. C'est une affaire de prise de conscience tranquille des facteurs essentiels de la planification passive. Répétons les principes de base de la conservation d'énergie :

 

  • Pas de mise en place sans que l'élément (plante, animal ou structure) remplisse au moins deux ou plusieurs fonctions.

  • Chaque fonction (récupération d'eau, protection contre l'incendie) est assurée par deux éléments ou davantage.

Avec ces règles, ces stratégies et ces critères en tête, vous ne pouvez pas trop vous tromper.

Publié dans Permaculture

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