Permaculture - 02.5 - Combien de terrain?

Publié le par permaculture.over-blog.fr

2.5 COMBIEN DE TERRAIN ?

« Admire un grand domaine si tu veux, mais n'en cultive qu'un petit. »

VIRGILE 10

Nous avons peut-être commis la plus grave de toutes les erreurs, du fait de notre cupidité : nous sommes allés plus loin que nous n'en sommes capables. Dans les pays de grande culture de la côte nord-ouest de la Tasmanie, on dit d'un homme qui a trop de terrain qu'il est « pauvre en terrain », et plus sa propriété s'accroît, plus il s'appauvrit, un peu comme le pêcheur cupide qui attrape du poisson jusqu'à ce qu'il y en ait davantage qui retombe à l'eau qu'il ne peut en faire tenir dans son bateau. Si nous pouvions ajuster le terrain à notre âge, on pourrait penser que nous sommes sages, mais nous avons tendance à acquérir plus de terrain à mesure que nous vieillissons, et à le traiter moins bien. Le monde entier apporte la preuve que nous négligeons l'agronomie et que l'homme est avide de terrain. Les grandes compagnies découvrent également que les grandes propriétés entraînent d'importantes obligations, et ce sera de plus en plus le cas à mesure que les réserves de pétrole s'épuiseront. Des amis revinrent récemment de Chine, où 45 000 personnes vivaient tout à fait convenablement sur 8 000 ha, pour trouver leur fils en train de faire faillite tout seul sur la même superficie en Australie !

Les gens demandent souvent combien il leur faut de terrain pour être autosuffisants. La réponse est : « Autant que vous pouvez en contrôler. » Si vous en avez plus, vous n'êtes plus en état d'autosuffisance, et avez encore moins la possibilité de produire des excédents. Si les gens demandent : « Par où dois-je commencer ? », la réponse est toujours : « Sur le pas de votre porte. »

Si vous voyez une ferme où le pas de la porte est envahi d'herbes indésirables, ces dernières s'étendront jusqu'à la limite : la ferme n'est pas contrôlée.

N'importe quel fermier ou banlieusard qui n'a pas planté un jardin sur le pas de sa porte de derrière n'a pas commencé une permaculture. Si 4 % du terrain — les quelques arpents qui entourent les maisons paysannes en Russie — produisent 60 % de la nourriture, que se passerait-il si l'on donnait aux paysans 8 % de la terre ? C'est ce petit bout de terrain près de la maison qu'il est le plus important de cultiver. Pour le fermier, c'est ce terrain qui peut lui permettre de rester dans sa ferme et de survivre aux fluctuations du marché et de la production d'énergie. C'est grâce à lui que le banlieusard peut vivre dans le confort plutôt que de survivre dans la misère.

Il y a probablement une taille idéale, environ 750 à 1000 m2, pour le jardin familial, si l'on pense en termes d'agriculture annuelle. Moins signifie trop peu de nourriture, plus veut dire trop de terrain à contrôler. Mais plus le système de culture annuelle peut être petit, plus grand peut être l'espace réservé aux cultures vivaces et à la pâture libre des animaux.

Ce que nous observons dans le paysage occidental est quelque chose de décadent : les bouts de terrain des banlieues couverts de pelouses et de fleurs purement décoratives, les zones de lèpre urbaine autour des villes, tout le terrain déboisé aux limites de la civilisation, et ailleurs un lamentable gaspillage de terrain. Dans le futur, il est impensable que ce système puisse se perpétuer.

Il semble en ce moment que la seule façon d'éviter les crises à venir est de mettre au point une production importante de nourriture sur le pas de la porte, produite par un travail intensif. Les légumes peuvent largement supplanter les monocultures de céréales comme nourriture humaine, de même que les feuilles d'arbres le peuvent pour nourrir les animaux. Les économies d'énergie provenant de ces deux stratégies sont évidentes et nécessaires.

Publié dans Permaculture

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